• Le paradis terrestre

    Selon la Genèse...

    Une vision du Paradis terrestre dont nous parle la Genèse (Genèse 2:8 et suivants).

    En écho à cet article, j'ai écrit ici un autre texte, plus orienté sur l'économie, à partir de mes réflexions sur ce que pourrait être aujourd'hui le Paradis terrestre ressuscité, ou plutôt, réactivé.

    Voici un texte qui peut être un point de départ de notre réflexion sur ce sujet :

    "Les systèmes naturels non créés par l'homme sont régénératifs, les systèmes créés par l'homme sont dégénératifs, la loi de ce monde est la surabondance mais comme l'humain a indexé la valeur économique sur la rareté, il passe son temps à se battre contre cette abondance pour empêcher qu'elle se manifeste. En ce sens nous sommes juste en train de nous battre en permanence contre la nature car elle met à mal notre modèle économique de croissance de la rareté... Vous ne trouvez pas ça complètement délirant ? Et que fait-on avec ça ?"

    Thierry Casasnovas
    sur son site, ici.

     

    Réfléchissons à ce qu'on appelle l'économie "de marché"

    La rareté : lorsque vous achetez un produit, c'est que vous ne pouvez l'obtenir directement là où vous êtes, autrement que par l'intermédiaire de personnes qui sont allées le recueillir ailleurs (le fabriquer, éventuellement, ailleurs ou près de vous), ou que, dans le cas où elles l'ont fabriqué, vous ne pourriez ou ne sauriez vous-même fabriquer le produit. Cela veut dire que le commerce se fonde sur le fait que vous n'avez pas ce que vous achetez et que vous êtes sensé avoir besoin de ce que vous achetez, ce que vous achetez est pour vous "rare".

    Le système des prix se fonde, lui, sur le fait que, plus un produit est rare et plus le client est sensé en avoir besoin cependant, plus le client est sensé être prêt à l'acheter cher...

    Par ces deux points, il me semble résumer assez bien la "loi du marché" et les fondements du capitalisme.

     

    Et le Paradis terrestre, dans tout ça ?

    Et si le Paradis terrestre était cette étape, non historique mais ontologique, décrite par la Genèse, où l'homme vivait de ce qu'il trouvait sur place, là, devant lui, dans les arbres, par terre, autour de lui, en demandant simplement de l'aide à son frère, son voisin, son "prochain", pour le cas où il ne pouvait lui-même subvenir à son besoin : de manger, de s'habiller (selon le climat), d'évacuer ses déchets (les remettant dans la nature pour recyclage), etc. ?

    Selon cette hypothèse, le frère, voisin, prochain, rendait gratuitement ce service puisque n'ayant pas besoin lui-même d'acheter la moindre chose, trouvant de quoi subvenir à ses besoins sur place, n'ayant donc pas besoin de monnaie pour subvenir à ses besoins. Il rendait gratuitement ce service, et, du coup, c'était réellement un "service" : il "servait" l'autre.

    Il s'agissait alors d'une économie de "service", d'échange, de confiance : "Quand je serai faible, tu m'aideras comme je t'ai aidé quand tu as été faible, et si ce n'est toi qui m'aides, ce sera un autre, ou une circonstance favorable", pouvait-on se dire.

    Or, "un homme" (dans la Genèse : sur la suggestion du serpent, une femme qui entraîne un homme) a l'idée funeste de faire payer à l'autre ce qu'il a gratuitement, considérant soudain que le "service" qu'il rend, il ne le rend plus gratuitement mais contre salaire. C'est, selon moi, l'idée contenue dans le "fruit défendu", c'est l'idée contenue dans ce qu'ailleurs on appelle, par une traduction sans doute discutable, "Arbre de la connaissance du bien et du mal".

    C'est ainsi que naît l'économie "de marché".

    Cet arbre dont on ne doit manger le fruit est situé, dans la Genèse, au centre du jardin, parce que c'est celui qui semble le plus évident à trouver, celui qu'on voit en premier, celui qui "tombe sous le sens", pourrait-on dire. Ainsi, la gratuité, l'Amour, en réalité, est ce qui reste quand on a éliminé la facilité, les "penchants de la chair", comme pourrait le dire Saint Paul.

    Un "contre", cependant, a été tenté politiquement : le collectivisme communiste. Mais, il s'est heurté au "penchant de la chair" commun à tous les humains, qui l'amène au profit = à la satisfaction au-delà de ses besoins, et il a cru s'en affranchir en imposant à l'homme une dictature, celle du prolétaire sensé vouloir revenir au Paradis terrestre, et l'imposer. Ainsi, le collectivisme communiste a pensé choisir à la place de l'homme le Paradis terrestre, tandis que la Genèse nous dit bien que c'est un choix que fit l'homme de manger du fruit défendu par Dieu. Ce fruit ne lui fut pas imposé ; l'homme crut au mensonge du rampant (de celui qui ne pouvait pas s'élever et était condamné à rester au ras du sol), mensonge qui lui promettait un avenir radieux avec ce fruit (= avec cette idée contenue dans le fruit). En creux, on comprend que l'homme aurait pu choisir de rester au Paradis terrestre en ne mangeant pas du fruit défendu. On notera que le fruit était défendu mais pas inatteignable pour l'homme. C'est bien que Dieu ne voulait aucunement retirer à l'homme sa liberté et que c'était un homme libre que Dieu voulait au Paradis terrestre.

    J'attire également notre attention sur le service que l'on "rendait"... Pourquoi rendait-on ce service ? A qui ? Qu'avait-on reçu pour qu'il faille "rendre" ?

    La réponse était évidente : on avait TOUT reçu de Dieu, et c'est à Dieu qu'on "rendait" par le service, quelque chose de son don ineffable. Ainsi, le service rendu à Dieu pour son inestimable (pour lequel on ne peut donner de prix, de valeur numéraire) et ineffable (que les mots ne peuvent décrire ni recouvrir) cadeau, était incommensurable (on ne pouvait le mesurer), lui non plus, car il était relatif à ce DON de Dieu, et à rien d'autre.

     

    Et aujourd'hui, que pouvons-nous faire ?

    Là où nous sommes, nous pouvons retrouver, réactiver des ilots de ce Paradis terrestre pas du tout définitivement perdu ! Nous pouvons rendre service gratuitement à l'autre, ne rien attendre en retour, nous pouvons favoriser celui qui oeuvre pour une économie équitable, le moins possible basée sur le "marché", le profit, le "toujours plus", l'exploitation de la faiblesse de l'autre... Nous pouvons manger majoritairement des produits qui nous parviennent selon ces modalités de fonctionnement plutôt que ceux qui nourrissent le "marché", et cela, avec la foi, celle qui déplace les montagnes, aplanit les sentiers devant les pieds de Jésus, pour lui rendre ce monde moins rude, plus conforme à ce que son Père voulait, au Projet Divin.

    Le Paradis terrestre n'est pas disparu, c'est à nous de le faire vivre, ici et maintenant.

    C'est de gouttes d'eau qu'est constituée la mer, ne l'oublions pas.

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